Surplombant le quartier des Halles, au centre de Paris, Saint Eustache surprend instantanément. Pour deux raisons. Tout d’abord, son architecture, qui semble vieille de mille ans, contraste avec les immeubles contemporains environnants. Ensuite, si l’on fait bien attention, un seul de ses clochers touche le ciel. L’autre n’a jamais été construit. Dans une capitale où toutes les églises sont bien léchées, cette construction avortée dénote. Imparfaite, donc, Saint Eustache ne pouvait être que proche des hommes. Sa devise ? « Chacun est bienvenu, vient qui veut. » Le ton est donné. Sur ses bancs, les sans abris peuvent trouver refuge et recevoir de quoi manger. La charité, pour elle, est un devoir absolu.
Sa façade embryonnaire cache une bien autre grande qualité. Gothique, romane ou encore renaissante : les origines éclectiques de Saint Eustache en font une Église ouverte d’esprit. Ses goûts artistiques en sont la preuve. Entre ses murs : Rubens, Santo Di Ti et … Keith Haring. Sans rougir, elle expose un triptyque de cet artiste américain avant-gardiste, homosexuel et mort du sida, qui marque le New York métissé des années 80. Commissaire d’exposition hors paire et organisatrice de concerts réputés, Saint Eustache a de quoi faire pâlir ses consoeurs. Chaque semaine, une foule bigarrée, croyante ou non, lui rend visite. La sainte imparfaite est toujours animée. C’est un lieu habité par la foi, mais pas que. C’est aussi le symbole d’une Église éclairée. De quoi séduire Cire Trudon. Et vous aussi. Sans aucun doute.