Si vous vous rendez à Antony, dans les Hauts-de Seine, vous pourrez admirer sur le fronton de l’ancienne Manufacture Royale de Cire, lieu originaire de Cire Trudon, le blason de la Maison sur lequel est inscrite la devise : « Deo regique laborant ». Pour ceux qui n’ont pas fait de latin ou qui ont oublié très rapidement le contenu de leur Gaffiot, « Deo regique laborant » signifie « Elles travaillent pour Dieu et le Roi. » Elles, ce sont les abeilles, sans qui il n’y aurait pas de cire et donc pas de bougies.
Dès l’Antiquité, l’Abeille se distingue de ses confrères les insectes en s’imposant comme le symbole de la résurrection et de l’immortalité. Il n’en fallait pas plus pour qu'elle devienne l'un des premiers emblèmes de la royauté française. Dans le tombeau de Childéric, père de Clovis et premier roi de la dynastie des Mérovingiens, on retrouve des abeilles en or (il s’agit en réalité de cigales mais cette erreur, découverte sur le tard, ne portera jamais atteinte à l’aura royale de l’abeille).
En 1804, Napoléon cherche de nouveaux symboles qui marquent une rupture avec la monarchie absolue pour représenter le pouvoir. Au placard la fleur de lys, il jette son dévolu sur l’Aigle, bien sûr, mais aussi sur l’Abeille qui évoque non seulement les origines de la royauté française mais aussi l’image d’un peuple travaillant au service de son souverain dans un esprit communautaire. Napoléon fait représenter des abeilles sur les armoiries de l’Empire. Il en fait aussi broder sur le manteau luxueux qu’il porte le jour de son sacre et sur les tentures qui ornent Notre-Dame de Paris lors de la cérémonie. Une vraie consécration pour « la mouche à miel », comme la définit le dictionnaire de l’Académie Française de 1694, qui est aujourd’hui menacée par l’agriculture intensive et les changements climatiques.
L'aigle et l'abeille, symboles de Napoléon